Poème

Feuillets de silence

Adil Hajji

Hommage à Sid M‘hamed Ou Saïd

Au pays âcre fiancé au silence

Une lueur pâle clignant sous le soleil qui darde

Un dôme blanc, éminence fragile.

Signe de piste altière

A l’intérieur, pollen pour les humbles.

Une sentinelle du milieu, une main bénissante

Un voyant des confins, un scrutateur des cœurs

Ardent au pacte cordial et au sourire qui guérit

Au croisement de ce qui monte et de ce qui descend

Il fut un semeur

Un homme digne du nom d’homme

Un guerrier vaillant et doux voyageur accompli

à la borne parfumée

Au pays dru et amer

Sous le dôme opalescent, tumulus d’estime

Une étoile polaire gît sous la chaux

L’homme, de haut lignage, était insoucieux de ce qui périt

Intime de l’ici et de l’ailleurs

Le voici, pilier et témoignage pour ses semblables peu endurants

Le bruit et le silence

Sur nos têtes s’agrègent, toile folle des oreilles de métal

A travers le ciel confus passent jour et nuit

Fadais, niaiseries et balivernes

Messages, logogriphes et signes brefs d’éveil

Ce grouillement d’ondes, volée de maléfices criards.

Venu des chambres d’écho de l’absurde et de discorde.

Nourrit l’exil d’un public avide et fourrageur

Et enfièvre le troupeau ego-grégaire

Qui peut endurer longtemps

L’éclat mat

Du frisson d’avant le bruit ?

Qui peut se tenir sans blêmir

Face au tréfonds du plus haut ciel ?

Heureux les puisatiers et les orants

Heureux les poètes mutiques de l’inouï

Vulnérables et nus

Car au tison du silence se montrent les astres en gésine