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Conçu et développé par Noureddine JanaSi tu ne goûtes au « four » quotidien de la ville de Marrakech, et si ne partages pas avec Mohammed Mourabiti sa propre eau et son air, là-bas, il te manquerait un des côtés (ou dimensions) parmi tant d’autres de son œuvre créative.
Il s’agit bel et bien de la vie quotidienne et peuplée de cette cité métropolitaine (Marrakech), appropriée par ce mélange homogénéisé du matériel et du spirituel, de l’est et de l’ouest jusqu’au dernier étonnement, avec toute la richesse de ses dichotomies. Mais probablement la place de Jemaa El-fna, image condensée de cette vie, avec tout son réalisme magique correspond en quelque sorte aux tableaux de Mourabiti.
Celui qui suit de près les précédents travaux de notre peintre, constaterait, en comparant ceux-ci avec le travail récemment produit, sans aucun doute une transcendance et son écart vis-à-vis des formes architecturales modestes et affectives sur la surface du tableau (l’élargissement du tableau au niveau du paysage) ainsi que la richesse au niveau des matières premières, avec sa libération d’une architecture spontanée (voire d’un certain fatalisme) provenant des deux dialogues sans cesse ardents.
Il s’agit en effet d’un échange entre des formes fixes, lourdes et grasses, d’un côté, et des formes mobiles, transparentes, de l’autre ; avec les surprises morpho- logico- sémantiques qui en résultent. A tel point que le tableau révèle une chose mais il cache derrière ses rideaux un gémissement prévu.
Vient ensuite un changement de couleur- de ses échanges houleux, vêtus des couleurs de briques : rouge, jaune, vert aux couleurs grises, nocturnes, tombées comme des rideaux en eau entrainés par la passion de l’artiste.
Ces couleurs grises, subjectives et claires paraissent doucement et sans à-coups, invitant d’autres couleurs qui se déversent dans leurs rivières tels le vert naturel et le bleu.
Le dialogue dans les travaux de Mourabiti ne cesse de se dérouler entre les blocs transparents, fixes et volants, mais il s’étend aussi à l’œil du visiteur, à son imaginaire et ses espoirs, complétant ainsi son cycle dialogique entre le moi et l’autre.
Dans sa peinture, le quotidien est présent, condensé avec sa variété faite de collage de journaux, de tissu et de bois. Mourabiti ne va nullement vers la matière, mais il l’invite personnellement, ici et maintenant. En outre, l’effet de la vie est également présent avec toutes ses connotations, tels la sollicitation de l’œuvre, l’embellissement et le cycle du temps; les Rideaux de Mourabiti, agités par son air et sa passion, viennent adoucir le poids ô combien lourd de la vie quotidienne.
Face à son tableau, Mourabiti est un maestro qui oriente les couleurs, les lignes et les éléments, changeant la chorale par un large rouge ou un noir descendant si nécessaire, soigneusement et consciencieusement, sans aucune perturbation de sa spontanéité et de son élan.
Le dernier travail de Mourabiti, avec toute sa dynamique technique et formelle, est une tentation aussi bien mentale que sentimentale pour plonger dans ses mondes et explorer la langue de la couleur avec toute sa force, libérée des charges culturelles projetées. Nous sommes devant un artiste qui a réussi à nous exprimer la quintessence de l’architecture et de la musique Marrakchie avec un ton contemporain.
Khalid Saii
Calligraphe et critique d’art Syrie, Damas
Traduit par Mustapha Ennahhal